Station 210 Boutique & CAFFÈ – Trouver Saint-André-d’Argenteuil

Karen Feiertag - Station 210 Boutique et CAFFÈ

Écrit le 1er mars 2023

Il y a cinq ans, nous sommes arrivés dans Argenteuil par hasard. J’avais acheté une moto, Louis-Robert avait trouvé une remorque dans la région et nous nous sommes perdus dans un village. Le village de Saint-André-d’Argenteuil, niché dans un virage de la rivière du Nord, n’est qu’à quelques minutes de Lachute, mais nous avions emprunté un autre chemin, et c’était comme trouver un endroit secret qui semblait surgir de nulle part pour la toute première fois.

Nous vivions à Montréal. J’étais dans le cinéma documentaire, Louis-Robert en santé publique. Mais ce jour-là, nous nous sommes retrouvés à la Pizza 3000, face à l’ancienne caserne de pompiers du village. Elle avait besoin d’amour et était à vendre. On aurait pu espérer alors qu’elle deviendrait une destination des Basses-Laurentides, mais je ne peux pas dire qu’on pensait aussi loin.

Nous savions seulement que nous voulions un changement. Si jamais nous devions faire le saut, nous aurions besoin de trouver quelque chose qui ait du sens pour le village, pour la région et pour nous. Pour nous, il s’agissait de valoriser le temps en en profitant, de se détacher de l’urgent et de l’inutilement politique. On déménagerait à la campagne, se mouvrait selon nos propres rythmes, et ceux de la nature. Faut gagner notre pain, oui, mais pas dans l’emprise du branle-bas ou du perfectionnisme.

Une chose à la fois. Une bonne chose à la fois.

Nous n’avions jamais vécu dans un village. Si vous regardez, vous pouvez voir les vestiges de différents moments du passé qui ont laissé des traces subtiles dans les espaces de la vie quotidienne d’ici. Après tout, les villages naissent, ils grandissent, se vident et changent avec le flux et le reflux des temps qui existent avant et après eux.

Juste en aval, à quelques centaines de mètres d’ici, des navires européens accostaient pour collecter du bois et d’autres fournitures du «Nouveau Monde». Plusieurs maisons en briques du village sont fabriquées à partir des blocs d’argile séchés au soleil qui avaient été stockés dans le ventre de ces navires afin d’éviter de chavirer au cours de longs et violents voyages océaniques jusqu’ici. Maintenant, nous rendons visite à des amis dans ces maisons et dans des bâtiments en pierre qui abritaient des munitions pour les batailles désormais célèbres qui se déroulaient le long des côtes voisines.

Sur cette époque se greffent les traces d’activités plus récentes : une quincaillerie caduque, un parcours de golf repris par la nature et érigé au sommet d’une colline à l’extrémité nord du village, un vaste clubhouse vitré surplombe un hippodrome, l’une de plusieurs pistes ovales d’affilée qui s’estompent chaque fois que nous les visitons sur Google Earth. De ce perchoir, dans l’espace, on peut presque entendre les bruits lointains d’une journée de courses : tintements de verres, rires, cris rauques aux animaux pour qu’ils aillent plus vite, le profond tonnerre des sabots. Mais, tout proche, une piste d’entraînement bien entretenue où ses palefrenières préparent les chevaux pour la prochaine course sous harnais, une ferme ovine réputée, les mini-chevaux à côté de ça, et à l’extrémité sud du village, des chevaux sauvages, ou semble-t-il, des dizaines et plus encore, tourbillonnent à travers la montagne comme le vent lui-même.

Nous avons exploré l’ancienne caserne de pompiers dont la colonne vertébrale descend dans la rivière comme le font les façades de Venise, et avons appris qu’il ne s’agissait pas seulement de la caserne des pompiers, mais aussi de la mairie et de la prison locale. Il y a des décennies, lorsque des bagarres éclataient dans les bars du village, les gens y étaient jetés pour se dessoûler. Beaucoup de gens nous ont parlé de leurs visites pour voir les camions de pompiers quand ils étaient enfants, ou des réunions et des fêtes auxquelles ils avaient assisté à l’étage. Pas un seul n’a encore admis avoir passé une nuit en prison.

Pour le village et la région, il s’agirait d’ajouter de la vie et d’être utile, d’ajouter des services qui n’existaient pas et d’être en harmonie avec l’environnement et notre communauté. Nous sommes tous soumis aux pressions de la culture « Throw Away » aujourd’hui, presque obligés d’acheter des produits jetables bon marché, puis de les racheter encore plus tard. Nous voulions nous spécialiser dans l’offre de produits durables de qualité pour la maison, la santé, le garde-manger et les loisirs, de rechercher et mettre à disposition des alternatives efficaces et parfois inédites, pour les habitants du village, de la région et pour ceux qui nous visitent de plus loin.

 

Louis-Robert appelle la Station 210 Boutique – Caffè « un magasin général pour la vie moderne ». À une époque où notre empreinte est si grande et où les océans regorgent de plastiques, nous ne voyons aucune raison d’éviter les pratiques ménagères écologiques faciles et amusantes. Alors les gens de la région viennent prendre un café pendant que nous remplissons leurs bouteilles avec des produits de nettoyage qui ne sont pas toxiques pour les fosses septiques, les rivières et les humains. Nous offrons des lotions naturelles québécoises pour le corps et le bain, des aliments produits artisanalement, des objets utiles pour la maison, des vêtements en fibres naturelles que l’on peut porter pendant des décennies, des jouets en bois inspirés pour les enfants, des outils de jardin qui durent. Des trucs du quotidien, mais beaux, bien pensés, bien faits, qui donnent plaisir à utiliser et à utiliser encore longtemps.

Et c’est amusant. Nous avons des dégustations, à la fois formelles et spontanées, du yoga le matin au bord de la rivière deux fois par semaine venu le printemps, un kiosque de légumes bio tous les samedis de juin à novembre. Nous nous intégrons à la vie locale du village, regardons les enfants grandir trop vite et saluons nos habitués estivaux dès que les rivières et les lacs craquent leurs chaînes d’hiver et accueillent à nouveau les traversiers.  Les gens pensaient que nous étions fous. Et c’est un défi. La culture des biens jetables est forte. Tout comme l’achat en ligne, un phénomène puissant par ici, on a appris. Pour nous, ayant toujours vécu dans des contextes urbains et étant friands des échanges humains, ce n’était pas tant une tendance.

Mais ceux qui nous ont découverts, ceux qui viennent vraiment regarder, ils voient des solutions, apprécient le beau et nous visitent avant de quitter la région ou aller en ligne. Ils comprennent et apprécient cette créature de « bricks-and-mortar » indépendant, aussi improbable qu’elle puisse être, et ils reviennent souvent. Nous avons trouvé dans ces clients des partenaires conscients, des voisins édifiants et des amis chéris. Ici, maintenant, nous nous sentons plus intimement liés à la terre, au climat et aux gens. Plus conscients de notre destin commun.

 

La vie est éphémère. Nos intentions et nos objectifs sont invisibles, mais inévitablement, nous influençons tous le paysage, ne serait-ce que pour un temps. Et un nouveau projet de vie en encourage un autre. Plus loin sur la même rue, le pub de village, puis là, une nouvelle institution pour le petit-déjeuner. Et de nouvelles jeunes familles avec leurs rêves autrefois voilés surgissent ici et là, dans la joie et les couleurs vives des tulipes. Aujourd’hui, la neige. Une myriade de flocons soufflant de toit tourbillonne comme des chevaux sur une montagne.  Demain, le printemps. Au lever du soleil, Louis-Robert sortira son vélo de gravier et ses drôles de chaussures et dessinera de nouveaux chemins à travers les plaines agricoles et les collines de la région. Entretemps, je ferai autre chose. Je ne sais pas encore quoi, mais mêmes les petites idées finissent par laisser leurs traces.

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